La vie comme elle vient

La vie comme elle vient

L’idée de la Trace s’est imposée à nous !

Nous avions rendez-vous avec le propriétaire du terrain que nous occupons aujourd’hui. Je ne me souviens plus si c’était une matinée ou bien une après-midi.

Quelle surprise de voir un terrain dans un tel désordre ! Un vrai jeu de mikado ! Des arbres pèle-mêle sur des mètres de hauteur. Une tornade ! Nous avons ainsi cheminé à travers troncs et trous, enjambé, soulevé, porté et contourné tout ce qui pouvait entraver notre marche à travers ce bois que nous trouvions enchanteur et prometteur ! Nous avons fait affaire immédiatement avec le propriétaire des lieux. Tout était réfléchi, spontanément. Un coup de cœur. De retour dans nos yourtes et roulottes, les idées ont fusé. Chacun de nos enfants après visite du site a échafaudé son plan d’implantation de sa yourte, son installation extérieure pendant que nous réfléchissions à la façon dont nous pourrions faire profiter notre nouveau chez nous à nos amis et plus. Nous avions quelques vagues idées. Cette trace, que nous avions suivie durant des heures pendant la découverte de ce terrain avec le propriétaire, cette trace d’animaux aussi étroite que les pattes félines des cervidés, aussi profonde que les pieds de hordes de sangliers, aussi nettement dessinée, nous inspirait.

Quatre années sont passées à nettoyer l’entrée du terrain, tronçonner les pins enchevêtrés les uns dans les autres, nettoyer les ronces envahissantes, dessoucher les racines, faire le plat pour accueillir les yourtes et autres cabanes en terre paille. Enfants et amis ont donné de leur temps. L’achat d’une antique pelle mécanique Poclain de 17 tonnes a pu achever le travail que le tracteur ne pouvait assumer.

On y voyait plus clair. La trace filait toujours plus profondément dans le bois, descendait dans les chênes. Quelle découverte, quel mystérieux endroit !

La Trace poétique, dramatique, théâtrale était là, sous nos yeux.

Aujourd’hui, un couloir de feuilles d’acanthes accueille le public de la Trace. La foret engloutit les visiteurs pour un temps et dans un salon cosi  quelques boissons chaudes attendent leur retour.

Quelques quinze ans plus tard, en ce début de juillet, le 6 exactement, j’ai été réveillée par l’appel téléphonique d’une occupante des yourtes. «L’orage gronde, les yourtes sont découvertes, dépêchons-nous de les couvrir.» Enfiler une robe, parler fort à mon Chabert pour l’avertir que l’orage est là, et nous voilà à couvrir les yourtes, l’une complètement, l’autre pas du tout, suite à un mal entendu ! (pendant l’arrêt de la pluie diluvienne, elle a été couverte). Ouf !

Répit ? de quelques minutes, parce qu’une descente vertigineuse de grêlons dévalant telle une des chutes au nord des états d’Amérique s’est abattue sur nous, potagers hachés, verrière de la cuisine explosée, carrosserie de voitures et fourgons bosselée, bâches de serres cisaillées, wouah ! Quel déluge ! Comme des concierges, nous regardions par la porte le spectacle déchirant des feuilles dégoulinant, le sol jonché d’un tapis de végétaux déchiquetés.

Le silence !

Et au bout d’un quart d’heure, un soleil en formation montait à l’horizon.

Je me souviendrai longtemps de ce jour naissant couleur d’or d’avant la tempête.

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