Chapitre deuxième. Le grand départ

Chapitre deuxième. Le grand départ

Nous étions au printemps montagnard, c’est-à-dire en mai. Les fleurs étaient en bouton, les arbres fruitiers en feuille à peine … Il faisait juste bon dehors. Nous préparions la venue des premiers jeunes des colonies de l’été. Je continuais à travailler à 1h30 de routes sinueuses de mon nouveau domicile. Du pain sur la planche, il y en avait assez pour que je puisse en plus me projeter dans un avenir futur proche de voyage en roulottes. Sans compter qu’à tous les deux, il y avait beaucoup de chevaux à dresser à l’attelage.

Je ne suis pas une cavalière confirmée, encore moins une dresseuse de chevaux à l’attelage. Alors, dix sept chevaux à dresser parce que Gérard voulait tous les emmener dans l’aventure, vous pouvez bien imaginer que j’ai été vite débordée émotionnellement par l’affaire à entreprendre. Non pas que Gérard allait me le demander, non, mais juste imaginer comment il allait s’y prendre.

Et surtout, surtout … hein, soyons lucide ce n’est pas lui qui allait conduire tous les attelages ! Tous les attelages ai-je ponctué.

Parce qu’il y a eu du nouveau dans la maisonnée. Lorsque les grands enfants ont appris que nous avions ce projet de partir en roulotte, eux aussi ont réfléchi qu’ils pourraient bien faire partie du voyage. Bien sûr le papa a été très heureux de voir la famille se réunir pour partie, trois grands enfants, quand même ! Formidable ! Quand je dis grand c’est pour dire que ce sont les enfants de Gérard, pas les miens ; moi j’arrivais fraîchement dans cette famille et toute seule, pas en famille comme disent nos amis canadiens.

La notion de confort est quelque chose de très personnel, il y a confort et confort. Gérard avait prévu une roulotte cuisine et une roulotte chambre pour que nous ayons notre intimité.

Nous avions déjà mis une option chez nos copains manouches sur deux de leurs roulottes qu’ils voulaient bien nous vendre, ainsi qu’un châssis pour construire une remorque qui transporterait le chapiteau. Avec l’arrivée des grands enfants, Aglaé, Igor et Thaïs, une deuxième roulotte chambre s’imposait. Alors, Gérard l’a fabriquée en bois de contreplaqué marine. Cette roulotte devait aussi avoir la fonction de bureau d’étude. Les trois grands étaient inscrits à des cours par correspondance et il leur fallait un coin table de travail. Et pour terminer, elle devrait accueillir les copains. Donc, roulotte agréable, accueillante et fonctionnelle. Tout ça a été respecté.

Nous avions prévu de partir à l’automne 1983 et nous sommes partis à l’automne 1983. C’est à dire deux ans après notre rencontre. Dire que nous étions prêts est un grand mot. Lorsque nous voulions atteler la paire de chevaux que nous avait attribuée Gérard pour apprendre ensemble à travailler, il y avait souvent une aventure, soit les chevaux s’étaient enfuis de l’enclos et là, nous savions qu’il fallait un temps certain pour les retrouver, soit du matériel en plein travail se cassait donc il fallait réparer, soit il faisait un froid de canard et nous n’étions bons à rien.

Enfin, le jour j nous avions tout préparé de bonne heure, levée 7 heures, petit-déjeuner et attelage en suivant. Finalement, à 16 h, nous avons fini par partir. Sauf que les gros chevaux que Gérard attelait à sa roulotte, eux, n’ont jamais voulu décoller de leur collier. Après moult menaces de les renvoyer à la maison, nous les avons remplacés par des petits camarguais qui courageusement se sont mis au travail. Nous avons attaché les gros comtois derrière la roulotte à la longe. Ils n’ont même pas eu honte !

Le lendemain matin, quand même, ils s’y sont mis ! Et là, nous avons commencé à nous régaler, les chevaux parce qu’ils avaient compris leur importance et la récompense du travail fourni pendant tous ces longs mois au dressage et nous parce que nous démarrions une belle histoire tous ensemble.

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